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← articles plus anciens 06 juillet 2018 sport : pour une aoc du sport ou le bon, la brute et le sportif les arabesques sculptées dans la terre ocre de roland-garros par les forçats de la petite balle jaune s’estompent à peine. déjà, bien plus à l’est, l’air semble fuir devant les trajectoires improbables des ballons qui esquivent murs de joueurs et gardiens pour se loger dans les lucarnes. avec la finale de la coupe du monde de football en russie, c’est près d’un milliard de personnes qui suivront cette danse étrange dans laquelle le pied surprend plus d’une fois l’habileté de la main. et comme à chaque grand événement sportif, les polémiques vont réapparaître. les milliards de personnes qui adulent le sport sont-elles dans l’illusion complète, victimes de l’opiacé idéologique dénoncé par un îlot de résistants lucides sur le capitalisme ? pour le savoir, il est urgent de donner au sport son aoc : son appellation d’origine contrôlée. c’est à cette condition que des gestes comme le coup de tête de zidane sur materazzi en finale seront compris. zidane n’a pas seulement agi, contrairement à ce que les images montrent, sur un coup de tête. il a agi en garde-barrière, délimitant par son action, ce qui est du domaine du sport et ce qui ne l’est pas. il a séparé en deux catégories les individus se présentant comme des sportifs : ceux qui sont du bon côté de la ligne et ceux qui sont du mauvais côté. le meilleur joueur du monde a dit à tous les spectateurs : « stop ! lui et moi, nous ne jouons pas au même jeu. ici doit s’arrêter le simulacre. ». le geste de zidane est celui d’un anthropologue. quelles sont ces limites du sport ? la conception sociohistorique les réduit aux représentations produites par des échantillons de personnes. pour le dire un peu sommairement, le sport est alors tout ce qu’en pensent ceux qui se sentent concernés par cette activité. il apparaît au contraire plus juste d’avoir une conception anthropologique : le sport est une forme de jeu qui tient son existence à la manière dont il est pratiqué. lorsque cette condition est remplie, l’activité sportive engendre une relation humaine qui est unique et n’est apparue dans l’histoire de l’humanité qu’avec la naissance du sport. si cette relation entre deux adversaires est unique, c’est que l’activité sportive est par essence paradoxale. en effet, alors que la compétition produit logiquement un gagnant et un perdant, la manière dont est vécue la pratique sportive permet de dépasser cette logique en faisant coexister deux gagnants. mais cela n’est possible que si les deux adversaires s’engagent conjointement et réciproquement dans une relation peu commune : il s’agit de tout faire, dans le respect des règles du jeu, pour que l’autre joueur perde, afin qu’en réalité il gagne aussi. comment deux sportifs peuvent-ils défier ainsi toute logique ? voici le gain identique de chacun d’entre eux. bien comprise et bien pratiquée, l’activité sportive fait en réalité émerger une œuvre unique. cette œuvre exprime ce que sont, ensemble, les adversaires : elle l’exprime comme une cosignature produite non de leur main mais par leur corps tout entier et par l’esprit qui anime leurs actions. contrairement à ce qu’en dit jm brohm, le sport n’est donc pas « le code du corps dans un système cybernétique (…) », ou bien « le behaviorisme symbolique d’une société capitaliste industrielle » (jm-brohm, sociologie politique du corps , paris : jean-pierre delarge éditeur, 1976, p. 318-319). cette perspective peut être soumise à la même critique que celle d’un naturalisme qui réduirait l’être vivant au fonctionnement de ses organes. ce réductionnisme oublie le caractère essentiellement finalisé de l’activité humaine. de la même manière, l’activité sportive dispose d’un corps social dont elle se sert d’une manière plus ou moins heureuse pour exister. la publicité, le goût du jeu, l’ambition, la gloire, le culte du corps, l’argent et le nationalisme sont autant « d’organes » favorisant l’existence du sport. mais réduire le sport à ses fonctions sociales, c’est négliger ce qui caractérise notre existence : l’aspiration à une forme d’harmonie. cette volonté de vivre en harmonie avec les autres s’exprime paradoxalement dans le sport, et c’est ce qui engendre l’œuvre unique, incertaine, éphémère, mais précieuse, des sportifs. l’œuvre des sportifs n’existe que par les vertus, et pas seulement les talents, de personnes éduquées. être sportif constitue une forme d’accomplissement qui ne peut exister sans un chemin initiatique. ce chemin est utile pour que le pratiquant maîtrise son corps et ressente des émotions appropriées. mais il permet aussi de développer les vertus nécessaires à la compréhension de ces relations humaines qui font du sport une activité complexe et louable sur bien des plans. fabrice louis, francheville (meurthe-et-moselle), agrégé d’eps et chargé de cours en philosophie à l’université de lorraine. publié dans actualité , culture , débats , economie , jeux , sports | marqué avec materazzi , zidane | un commentaire 05 juillet 2018 société : « l’animalisme antispéciste et l’effrayante idéologie végane sont un produit négatif de la modernité» j’ai apprécié dans le monde du 29 juin la chronique d’alain frachon, « immigration et indignation ». par ailleurs, dans la même édition, l’article de roger-pol droit évoquant le livre de jean-pierre digard, l’animalisme est un anti humanisme , mérite pour le moins d’être commenté. je n’ai certes pas lu ce livre de jean-pierre digard, mais malgré tout je connais bien ses idées, ayant lu un autre ouvrage de lui, ainsi que bon nombre de ses articles dans des revues ou dans la presse, par exemple dans libération . son statut d’expert me semble quelque peu usurpé, car il n’est pas un biologiste spécialiste de la faune, mais un idéologue des « sciences » humaines, dont la partialité, les erreurs factuelles, les positionnements militants sont pour le moins sujets à caution. sa politique du 2 poids 2 mesures nuisent aussi à sa crédibilité car s’il fustige, non sans raison au demeurant, et je partage en partie son jugement, le caractère irrationnel et sectaire de l’animalisme antispéciste, il n’a pas un mot par contre pour dénoncer le déni de démocratie que constituent les abus de pouvoir, les violences corporatistes, l’omnipotence des chasseurs et des éleveurs en france. il y a pourtant beaucoup à dire sur ces thèmes. par ailleurs, si l’animalisme antispéciste et l’effrayante idéologie végane sont un produit négatif de la modernité , traduisant un éloignement par rapport à la nature et à la ruralité, il y a aussi en contrepartie des évolutions très positives. tout d’abord, beaucoup de nos actuels compatriotes vivent leur passion pour les animaux de compagnie, l’équitation de loisir, les sports canins, etc. de manière positive, tant pour leur bien-être et le bien social, par le biais de la vie associative, que pour un meilleur respect des animaux. le passage de la civilisation agropastorale à une société en majorité urbaine et industrielle, a eu, en contrepartie d’une redoutable pollution et de terribles destructions, quelques conséquences positives, notamment un rapport plus contemplatif et moins prédateur avec la faune sauvage. l’engouement pour le jardinage et la randonnée, l’observation et la photographie de la faune sauvage, le désir de combattre les nuisances du monde moderne, ont permis l’essor des associations de protection de la nature, ainsi qu’une bien meilleure connaissance de la faune et de la flore grâce à la collaboration entre les naturalistes amateurs, de plus en plus nombreux, et les scientifiques, tandis que le nombre de chasseurs et de braconniers a fort heureusement beaucoup diminué. cela se traduit concrètement par le sauvetage réussi de quantité d’espèces sauvages menacées, la multiplication des parcs et des réserves, le rôle essentiel des défenseurs de la nature dans l’écologie bien comprise, mais aussi, dans le cas des animaux domestiques, par de 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